Le 3D Secure, ce protocole de sécurité qui ajoute une étape d’authentification lors des paiements en ligne, divise aujourd’hui commerçants et consommateurs. Selon une étude de Stripe publiée en 2024, près de 30% des transactions abandonnées sont dues à la complexité des processus d’authentification. Face à ce constat, de nombreuses plateformes proposent désormais des solutions de paiement sans 3D Secure, privilégiant la fluidité des transactions tout en maintenant un niveau de sécurité acceptable. Quelles sont ces plateformes qui facilitent le parcours d’achat sans sacrifier la protection des données? Analysons les alternatives qui permettent de simplifier l’expérience utilisateur tout en respectant les régulations en vigueur.
Ce qu’il faut retenir
- Le 3D Secure peut augmenter les taux d’abandon de panier jusqu’à 30%
- Certaines plateformes permettent de contourner le 3D Secure sous conditions
- Les transactions sans 3D Secure doivent rester conformes à la DSP2
- Le montant des transactions influence l’application du 3D Secure
Comprendre le 3D Secure et ses limites
Le protocole 3D Secure, développé initialement par Visa sous le nom « Verified by Visa », puis adopté par Mastercard avec « Mastercard SecureCode », représente aujourd’hui un standard de sécurité pour les paiements en ligne. Son fonctionnement repose sur une authentification à deux facteurs qui requiert la validation du titulaire de la carte via un code reçu par SMS ou notification sur application bancaire. 🔒
Malgré ses avantages sécuritaires indéniables, le 3D Secure présente des inconvénients majeurs pour les e-commerçants. Les frictions générées dans le parcours d’achat peuvent entraîner une augmentation significative des taux d’abandon, particulièrement sur mobile où l’expérience utilisateur est déjà contrainte par la taille des écrans.
La mise en place de la DSP2 (Directive sur les Services de Paiement 2) en septembre 2019 a renforcé l’obligation d’authentification forte pour les transactions électroniques. En revanche, cette directive prévoit des exceptions qui permettent de s’affranchir du 3D Secure dans certains cas spécifiques, comme pour les transactions de faible montant ou les paiements récurrents auprès d’un même marchand.
Ces contraintes réglementaires ont poussé les plateformes de paiement à développer des solutions alternatives qui équilibrent sécurité et simplicité d’utilisation. L’enjeu consiste à maintenir un haut niveau de protection contre la fraude tout en fluidifiant le processus d’achat.
Les plateformes de paiement sans 3D Secure

Stripe, acteur majeur du paiement en ligne, propose un système d’analyse de risque sophistiqué nommé Radar. Ce système évalue en temps réel le niveau de risque de chaque transaction et peut, dans certains cas, éviter l’activation du 3D Secure pour les paiements jugés peu risqués. 💳 L’algorithme prend en compte plus de 100 variables pour déterminer si une authentification forte est nécessaire, incluant l’historique du client, sa localisation ou encore son comportement d’achat.
PayPal offre également une alternative au 3D Secure avec son système « One Touch ». Cette solution permet aux utilisateurs de rester connectés à leur compte PayPal sur un appareil spécifique, évitant ainsi la nécessité d’une authentification à chaque transaction. Le système s’appuie sur la reconnaissance de l’appareil et des habitudes d’achat pour sécuriser les paiements sans friction supplémentaire.
Adyen, plateforme de paiement utilisée par des géants comme Uber ou Netflix, a développé un système d’exemption intelligent qui optimise l’application du 3D Secure selon les critères de la DSP2. La plateforme analyse automatiquement si une transaction peut bénéficier d’une exemption et l’applique en conséquence, maximisant les chances de conversion tout en restant conforme aux réglementations.
Braintree (filiale de PayPal) propose une solution similaire avec son service « 3DS Exemption », qui permet aux marchands de configurer des règles spécifiques pour déterminer quand appliquer le 3D Secure. Les commerçants peuvent ainsi personnaliser leur stratégie d’authentification en fonction de leur tolérance au risque et des caractéristiques de leur clientèle.
Comparatif des solutions disponibles
Plateforme | Méthode d’exemption | Coût additionnel | Compatibilité marchands |
---|---|---|---|
Stripe | Analyse de risque dynamique (Radar) | 0,05% par transaction | Tous types |
PayPal | Système One Touch | Inclus | Optimisé pour e-commerce |
Adyen | Système d’exemption intelligent | Service premium | Grands comptes principalement |
Braintree | 3DS Exemption personnalisable | Selon volume | PME et grands comptes |
Mollie | Analyse contextuelle | Inclus | TPE/PME européennes |
Ce tableau comparatif met en évidence les différentes approches adoptées par les principales plateformes de paiement pour gérer l’exemption du 3D Secure. Le choix d’une solution dépendra notamment du volume de transactions, du type de clientèle et de la tolérance au risque du commerçant.
Stratégies pour optimiser les transactions sans 3D Secure
Pour maximiser l’efficacité des transactions sans 3D Secure tout en minimisant les risques, plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre. La segmentation des transactions par niveau de risque constitue une approche particulièrement efficace. 📊 En catégorisant les paiements selon des critères comme le montant, la récurrence ou le profil client, les marchands peuvent appliquer le 3D Secure de manière sélective.
L’utilisation de tokens de paiement représente une alternative intéressante pour les achats récurrents. Ce système, proposé notamment par Stripe et Adyen, permet de stocker de manière sécurisée les informations de carte après une première authentification forte, puis d’effectuer les transactions suivantes sans réauthentification.
La mise en place d’un système de liste blanche pour les clients fidèles constitue également une solution pertinente. En identifiant les clients réguliers dont le comportement d’achat est jugé fiable, les marchands peuvent leur offrir un parcours simplifié sans compromettre la sécurité globale de leur plateforme.
Enfin, l’optimisation du parcours mobile s’avère cruciale pour limiter l’impact négatif du 3D Secure lorsqu’il est inévitable. La conception d’interfaces adaptées aux contraintes des petits écrans et la préparation des utilisateurs à l’étape d’authentification peuvent significativement réduire les abandons de panier.
Aspects juridiques et conformité réglementaire
La mise en œuvre de solutions de paiement sans 3D Secure doit impérativement s’inscrire dans le cadre réglementaire de la DSP2. Cette directive européenne, entrée pleinement en vigueur en décembre 2020, prévoit des exemptions précises à l’authentification forte du client (SCA). 📝
Les transactions de faible montant (inférieures à 30€) peuvent bénéficier d’une exemption, dans la limite de cinq transactions consécutives ou d’un montant cumulé de 100€. Les paiements récurrents de montant identique auprès d’un même bénéficiaire sont également éligibles à l’exemption après la première transaction authentifiée.
L’analyse de risque en temps réel constitue une autre voie d’exemption reconnue par la réglementation, à condition que le taux de fraude du prestataire de paiement reste sous certains seuils définis. Cette approche, adoptée par des plateformes comme Stripe ou Adyen, permet d’appliquer le 3D Secure de manière intelligente et conforme.
La responsabilité en cas de fraude varie selon les conditions d’exemption. Dans le cadre d’une exemption pour transaction à faible risque (« Transaction Risk Analysis »), c’est généralement le prestataire de paiement qui assume la responsabilité. En revanche, pour les exemptions liées aux listes blanches de bénéficiaires créées par le client, la responsabilité peut incomber à la banque émettrice.